Revisitée par Joël Pommerat, la pièce de Marcel Pagnol brille d’un nouvel éclat. Jouer sur scène et jouer sa vie. Ou quand l’adaptation d’une œuvre iconique du répertoire devient un moment rare de théâtre et une formidable aventure humaine.
« Librement inspirée de la pièce de Marcel Pagnol », annonce Joël Pommerat à propos de cette création. Librement, et en tous sens du terme. Tout d’abord, le texte de 1929 a été remanié dans une langue d’aujourd’hui, et les éléments de l’intrigue ont été modernisés. César ne gère plus le bar de la Marine, mais un café-boulangerie, souvent vide, que son fils Marius l’aide à tenir. Fanny travaille dans un salon de coiffure et Panisse possède des magasins de scooters. Mais aussi parce que le spectacle est né d’un atelier d’improvisations théâtrales, mené de 2014 à 2022, à la Maison centrale d’Arles, avant de partir en tournée en 2024, dans une distribution qui rassemblait acteurs professionnels et ex-détenus.
Ces conditions particulières donnent à la mise en scène, et au jeu des huit comédiens, une vérité confondante. Le désir farouche de Marius de fuir une vie étriquée fait écho à l’enfermement jadis vécu par son interprète. Ainsi, du texte originel demeure l’essentiel : une histoire bouleversante de choix de vie et de sentiments.