En adaptant pour la scène le roman d’Émile Zola, Anne Barbot déploie une fresque paysanne magistrale. Sur fond de crise agricole, la campagne devient un champ de bataille où se croisent les désirs, les rancunes, les héritages et les haines qui germent entre les sillons d’une terre convoitée.
Avec Germinal ou L’Assommoir, La Terre est l’un des grands titres de la série des Rougon-Macquart. À travers l’histoire d’un père léguant ses terres à ses trois enfants en échange d’une pension destinée à assurer ses vieux jours, l’écrivain décrit un monde rural à l’orée de profondes mutations économiques et technologiques.
La metteuse en scène Anne Barbot, dont les grands-parents paternels étaient agriculteurs en Bretagne, fait de ce récit une tragédie quasi shakespearienne, entre fiction et réalisme. Toute en dialogues, l’action se concentre sur l’abandon progressif par sa progéniture de ce « roi Lear des champs ». La chute en cinq actes de la famille Fouan ira de pair avec celle des prix du blé. Le drame de ces paysans de la Beauce est incarné par une troupe de comédiens au jeu engagé, aussi convaincants dans les moments de communion heureuse que dans la violence ou la révolte.