Éditorial

Un point commun des artistes de la saison (ce sont majoritairement des femmes, utilisons donc le féminin pour les évoquer), c’est qu’elles ont marqué un intérêt pour « le populaire ». Sans verser dans la complaisance, en gardant une forte originalité esthétique, elles ont veillé à être accessibles, à ménager des portes d’entrée pour qu’on puisse se retrouver largement au sein de leurs univers. Elles ont fait place aux sentiments. Plusieurs jouent le jeu du moment familial. Souvent, elles donnent à voir les conditions des vies modestes, de celles et ceux que le destin n’épargne pas. Beaucoup mettent en avant des héritages traditionnels issus de tous les horizons.

L’élan de rassemblement auquel appellent les spectacles reflète aussi la diversité des métiers, l’esprit collectif, dont ils ont besoin pour voir le jour. Ainsi peut se formuler une aspiration très forte : celle que les spectacles aident à nous changer, à muter ensemble, à vivre plus intensément le présent pour mieux appréhender l’avenir ; qu’ils soient ferment de progrès. Car le progrès, c’est un art d’observer, de vivre sans crainte l’instant, bien plus que de se projeter et, souvent, de se leurrer. Le progrès réclame une lucidité sensible et généreuse, qui doit être grandement partagée. Comme le bonheur, on ne peut pas le trouver seul.

Alors, soyons nombreux.

Vincent Léandri