À l’heure où l’on met l’idée de « populaire » à toutes les sauces, Aurélien Dumont et Jérôme Combier de l’Ensemble Cairn concoctent la plus improbable des playlists, entrelardée de coupures publicitaires et de slogans ironiques ou profonds. Entre télescopage et prouesse, un happening à un niveau de contraste inédit.
En se nourrissant de l’essai L’Enquête infinie, de Pacôme Thiellement, le compositeur tisse un patchwork de réorchestrations de musiques du XXe siècle : tubes de la pop, B.O. de séries télé ou de films d’horreur… en les faisant dialoguer avec des extraits « esthétiquement modifiés » du grand répertoire. Sting côtoie la musique baroque de John Dowland, Claude Debussy fait son apparition après des passages de Pink Floyd…
Sous le magnétisme d’une chanteuse en perpétuelle métamorphose, on bascule dans une sorte de psychédélisme auditif. Le raffinement chambriste et virtuose du petit ensemble de musique de chambre, tout en délicatesse de timbres et de phrasés, passe rapidement sous la coupe d’un chef d’orchestre énergique qui entre en scène. La chanteuse se met à parler, investit tout l’espace et nous allons de surprises en ravissements. C’est drôle, étonnant, brillant, et assez vertigineux tant les interprètes sont exceptionnels.