Tout ici passe par la parole. Sans artifice ni pathos, Thomas Quillardet restitue avec un naturel confondant les mille et une voix d’un service d’addictologie.
Assis sur sa chaise, il est seul sur scène. Pourtant, à travers lui, s’expriment une trentaine de patients accros à la drogue, à l’alcool, au sexe… et leurs soignants. Thomas Quillardet les a rencontrés au cours d’une immersion de six mois dans un service spécialisé. Le comédien a ainsi recueilli une polyphonie de récits, recomposés en un formidable moment de théâtre retraçant avec une bonne dose d’humour ses tentatives, souvent contrariées, de faire pratiquer le théâtre à des patients qui ne se privaient pas d’exprimer leurs réticences. Sans qu’il lui soit nécessaire de jouer, au sens littéral, tel ou tel personnage, Thomas Quillardet réussit par le seul rythme de la narration à porter et différencier les paroles de chacun. On devine que ces mots ont constitué autant d’exercices thérapeutiques, permettant aux uns d’affirmer une identité fragilisée par la dépendance, aux autres de pointer en arrière-plan les problèmes structurels de l’hôpital.
Mais ces histoires de joie, de manque ou de douleur sont surtout celles de gens qui nous ressemblent. Humains, et en cela bouleversants.